Un micro et des promesses

Article : Un micro et des promesses
Crédit: unsplash.com
20 septembre 2021

Un micro et des promesses

A moitié endormi, bouche ouverte, joue gauche noyée dans une flaque de salive 🤤,  j’aperçois du coin de l’œil un cancrelat se gavant des restes d’une sauce gombo dans le creux de ma main.
Témoin du festin de la veille, promesse d’une journée incertaine.
Matelas criblé de trous, ce casu marzu géant me guide toutes les nuits sur les bras de Morphée.
Au milieu d’une douce berceuse de moustiques, une chorale de cigale donne le la.
Je m’endors 😪, doucement, à petit pets 🙊, au fil de mes rêves. 

Dans mon studio et quelques battements de cœur plus tard, le cocktail de mes gaz me réveille. Je suffoque 🤮, tandis que des fréquences radios m’agressent 📻 et que des voix perçantes me stressent. « Encore un MC racontant sa vie ! » je m’étais dit.
Encore un micro et des promesses 🗣 🎙.

Politiciens, diplômâtes, militants…
A longueur de journée je les écoute, racontant des histoires qu’ils ne connaissent pas 📚, défendant des idéaux qu’ils ne s’appliquent pas 👨🏿‍⚖️ . Ils chantent les mêmes discours, bouillie saupoudrée d’une sémantique opportuniste.
Il faut justifier son salaire ou séduire les bailleurs dans un jeu de preuves et d’arguments puisé dans les espoirs perdus de nos ghettos.
Objectifs politiques et attentes populaires désynchronisés, la messe est dite : les bouches et les rues sont pleines et elles se déchainent.

Enfants soldats, mendiants, migrants, citoyens de tout bord, l’impression de lire dans leurs yeux des promesses envolées 🕊, des rêves enterrés qui finiront par ressusciter : bientôt nos pires cauchemars 💀.
Quand l’arme aura supplanté le stylo, que le murmure des Kalachnikov 🔫 aura remplacé le dialogue : ils seront encore là avec un micro et des promesses, inondant la presse des pires résidus du Zeitgeist, ce lixiviat de la pensée.

Quand des beaux parleurs dopés à l’ultracrépidarianisme s’emparent du micro, les bulletins d’information s’apparentent à des requiem sonnant la fin d’un monde et annonçant le début d’un autre : « la nuit du grand chagrin » 😿.

Du Sahel à l’Afghanistan, des bras coupés et des rêves voilés sonnent encore à l’horloge de la solidarité.
De l’ONU à l’Occident, de Paris à Washington, les « jeux de maux » diplomatiques se poursuivent à l’abris des regards, dans des sous-marins qui finissent par couler, trahi par des jeux d’ego.
L’expression foireuse d’une réalpolitique avec un micro et des promesses.

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