Au Niger, le manque d’eau potable est une source d’inégalités

Article : Au Niger, le manque d’eau potable est une source d’inégalités
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1 avril 2017

Au Niger, le manque d’eau potable est une source d’inégalités

L’eau, cette ressource aussi rare qu’essentielle pour toute forme de vie sur Terre, voire dans l’univers connu. En ce 21ème siècle l’accès à une eau potable, propre et de qualité est depuis peu considéré comme étant un droit de l’homme.  Au Niger, ce droit semble ne pas être un acquis pour une importante partie de la population. Ce manque d’accès à une eau potable crée de fortes inégalités.

La corvée de l’eau favorise le travail des femmes et des enfants

Enfant transportant de l’eau

Au Niger, beaucoup de ménages ne sont pas reliés à un système d’approvisionnement en eau potable. Et comme dans beaucoup de cas, ce sont les femmes et les enfants qui héritent de la corvée consistant à partir chercher cette eau.

Souvent, les enfants se rendent à une borne fontaine proche de chez eux et recueillent ainsi l’eau dont ils ont besoin. Par contre dans les cas les plus extrêmes, des femmes et des enfants parcourent plusieurs kilomètres par jour pour chercher cette quantité d’eau nécessaire à la famille. Ce qui n’est pas sans conséquences, puisque les femmes ne peuvent plus correctement s’occuper d’elles-mêmes encore moins de leurs enfants. Ce travail est d’autant plus fatiguant puisqu’elles ne peuvent, très souvent, transporter qu’une petite quantité d’eau et doivent refaire ce même trajet plusieurs fois par jour.
Femmes devant une borne fontaine

À Zinder, la ville où je vis, rares sont les maisons dans lesquelles on ne trouve pas ces types de bidons (voir photo ci-contre).

 

Bidon d’eau

 

D’ailleurs on peut légitimement se demander si stocker de l’eau pendant plusieurs jours dans ces bidons en plastique prévus pour un autre usage, car contenant de l’huile végétale au départ, est vraiment hygiénique. Même si l’on est connecté au réseau de distribution d’eau de la ville, ici tout le monde craint les délestages intempestifs surtout pendant les périodes de fortes chaleurs. Donc chacun fait des réserves à sa manière.

Une eau qui reste globalement non potable

Femme creusant pour de l’eau

Nous avions vu plus haut que trouver de l’eau au Niger était déjà difficile. Alors trouver de l’eau potable l’est encore plus. L’accès aux sources d’eau potable était de 50% en 2011, avec cependant une grande disparité entre le milieu rural (39%) et celui urbain (100%).
Cependant, dans certains centres urbains, beaucoup de personnes s’accordent à dire que l’eau qu’on y trouve est simplement « consommable », elle n’est pas « potable » conformément aux normes établies par l’OMS. Ce qui favorise beaucoup de maladie et une fois de plus ce sont les femmes et les enfants qui en pâtissent le plus. On estime qu’environ 6 000 enfants meurent chaque année au Niger des suites de diarrhées causées par la consommation d’eau non potable.

Pourtant le Niger dispose d’un fort potentiel en eau potable

En effet, des études montrent que le Niger dispose d’une réserve d’eau souterraine estimée à 2,5 milliards de mètres cube renouvelables chaque année dont moins de 20 % sont exploités. Aussi, le potentiel renouvelable et non exploité est estimé à 2 000 milliards de m3. (Source: Unicef). Ce pays dispose d’une raffinerie de pétrole, une infrastructure réputée pour sa très forte consommation d’eau.

Ce qu’il faut retenir

Au Niger, l’eau est rare et de mauvaise qualité. Ce fléau génère énormément de difficultés dans la vie de tous les jours principalement aux femmes et aux enfants. Ces derniers ne peuvent plus se rendre à l’école en plus de tomber régulièrement malade, sinon d’y laisser leurs vies.

Malgré tous les efforts qui sont en train d’être réalisés, il faut se rendre compte qu’il reste encore beaucoup à faire.
La mission des acteurs de l’eau sera essentielle pour les années à venir. Les situations de catastrophe et de conflit armé que connait le Niger ne sont qu’autant de facteurs aggravant qu’il faille considérer. Les budgets alloués aux ODD (Objectifs de Développement Durable) devront être correctement et efficacement utilisés.

Le manque d’eau engendre de profonds déséquilibres dans la vie de tous les jours et renforce encore plus l’inégalité des genres. Les ONG (Organisation Non Gouvernementale) et le gouvernement nigérien doivent donc réussir à mieux coordonner leurs actions.

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Commentaires

Barat Pierrette
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Vous êtes aux premières loges mais vous n'êtes pas les seuls.
A Taïwan il faut mettre l'eau du robinet dans une machine qui va la chauffer avant qu'elle soit consommable; interdiction de boire l'eau du robinet à moins de vouloir prendre le risque d'être malade... et ce n'est pas le Niger.
A Barcelone, le logement où nous étions filtrait l'eau du robinet; là aussi on ne prend pas le risque de boire directement au robinet. Et pourtant c'est l'Espagne, l'Europe. Et ce ne doit pas être le seul.
Parfois en France il y a des épidémies de gastro liées à l'eau du robinet.
On nous dit aussi que les bouteilles en plastiques (... Beurk pour la planète) ne sont pas mieux que l'eau du robinet; elles peuvent être aussi contaminées.
Comme quoi l'eau potable est un problème pour tout le monde, même les pays occidentaux et cela ne va pas s'améliorer.

Delamarre Françoise
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Vous ne connaissez pas la souffrance des gens qui n'ont pas d'eau du tout...il y a une différence entre avoir de l'eau pas très consommable et pas d'eau du tout... allez marcher pendant deux heures et plus pour trouver un peu d'eau... et on en reparle... un puits dans un village pour parfois plus de 1000 personnes est source de vie , les jardins et l'élevage se développent , et on est loin d'avoir l'eau au robinet...l'eau du fleuve, des marigots est aussi utilisées, parfois telle quelle, parfois filtrée ou chauffée. Ce ne sont pas les même problèmes !!!! dans le désert, les nomades boivent parfois leur urine car ils n'ont que ça!!! Il est vrai qu'il y a des problèmes d'eau partout, mais restons lucides sur le niveau de souffrance...et de difficultés !

Ousmane Mamoudou
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Je suis moi-même né dans le désert du Sahara. La vie de nomades,je connais par cœur. Par contre personne ne consomme son urine là-bas...c'est un cliché ;-) Je pense que vous faites le parallèle avec ce qui se passe dans d'autres endroit arides tel que l'Australie ou le Texas. Dans le Sahara, l'essentiel des nomades sont musulmans, l'urine est considérée comme une source d'impureté, elle n'ai jamais consommée. Dans cet article, il ne s'agit pas de dire que l'on souffre plus, j'ai voulu montrer qu'au Niger, même les centres urbains connaissent de gros problèmes d'eau. À Zinder, on passe régulièrement plus d'une semaine sans eau courante. C'est comme si une ville comme Marseille se trouvait privée d'eau courante. Dans les villages il y a souvent des puits, mais ce n'est pas le cas des centres urbains puisqu'ils ont été pensés autrement...Bref, il y a tellement de choses à dire, je vous remercie pour votre commentaire! Désolé du retard pour la réponse, j'étais justement dans chez moi, dans le désert! À très vite ;-)

Sara
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quand est il des stations d’épuration d’eau aux Niger ?apres un cours sur le traitement et réutilisation des eaux usées je me demande bien toutes ces années comment on a pu s’en sortir alors qu’il ya les eaux usées rejetées à tort et à travers dans la nature ! j’étudie dans un des pays en afrique qui possède 187 StEp (stations d’épuration ) alors que 4ans après c’est la mon pays à possédé une seule station ! je pense qu’il faut pensé aux DD ! car l’eau est au cœur du DD (développement durable)

Ousmane Mamoudou
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Tu as tout à fait raison, après je pense que c'est toujours les politiques qui auront le dernier mot...ce ne sont pas les initiatives qui manquent dans ce pays.

Nana Aicha
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votre article date de 2017 et presque 2 ans après le problème d'accès à l'eau potable persiste à Zinder. A vrai dire même, au lieu de s'améliorer, il ne fait qu'empirer. A quand la population pourra t-elle accéder 100% à l'eau? l'avenir nous élucidera sans nul doute.....

Ali Issa Nana Aichatou
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votre article date de 2017, et jusqu'à lors le problème de l'accès à l'eau potable continu de persister surtout à Zinder. la situation au lieu de s'améliorer ne fait qu'empirer apparemment.