Au Niger, le manque d’eau potable est une source d’inégalités
L’eau, cette ressource aussi rare qu’essentielle pour toute forme de vie sur Terre, voire dans l’univers connu. En ce 21ème siècle l’accès à une eau potable, propre et de qualité est depuis peu considéré comme étant un droit de l’homme. Au Niger, ce droit semble ne pas être un acquis pour une importante partie de la population. Ce manque d’accès à une eau potable crée de fortes inégalités.
La corvée de l’eau favorise le travail des femmes et des enfants
Au Niger, beaucoup de ménages ne sont pas reliés à un système d’approvisionnement en eau potable. Et comme dans beaucoup de cas, ce sont les femmes et les enfants qui héritent de la corvée consistant à partir chercher cette eau.
Souvent, les enfants se rendent à une borne fontaine proche de chez eux et recueillent ainsi l’eau dont ils ont besoin. Par contre dans les cas les plus extrêmes, des femmes et des enfants parcourent plusieurs kilomètres par jour pour chercher cette quantité d’eau nécessaire à la famille. Ce qui n’est pas sans conséquences, puisque les femmes ne peuvent plus correctement s’occuper d’elles-mêmes encore moins de leurs enfants. Ce travail est d’autant plus fatiguant puisqu’elles ne peuvent, très souvent, transporter qu’une petite quantité d’eau et doivent refaire ce même trajet plusieurs fois par jour.
À Zinder, la ville où je vis, rares sont les maisons dans lesquelles on ne trouve pas ces types de bidons (voir photo ci-contre).
D’ailleurs on peut légitimement se demander si stocker de l’eau pendant plusieurs jours dans ces bidons en plastique prévus pour un autre usage, car contenant de l’huile végétale au départ, est vraiment hygiénique. Même si l’on est connecté au réseau de distribution d’eau de la ville, ici tout le monde craint les délestages intempestifs surtout pendant les périodes de fortes chaleurs. Donc chacun fait des réserves à sa manière.
Une eau qui reste globalement non potable
Nous avions vu plus haut que trouver de l’eau au Niger était déjà difficile. Alors trouver de l’eau potable l’est encore plus. L’accès aux sources d’eau potable était de 50% en 2011, avec cependant une grande disparité entre le milieu rural (39%) et celui urbain (100%).
Cependant, dans certains centres urbains, beaucoup de personnes s’accordent à dire que l’eau qu’on y trouve est simplement « consommable », elle n’est pas « potable » conformément aux normes établies par l’OMS. Ce qui favorise beaucoup de maladie et une fois de plus ce sont les femmes et les enfants qui en pâtissent le plus. On estime qu’environ 6 000 enfants meurent chaque année au Niger des suites de diarrhées causées par la consommation d’eau non potable.
Pourtant le Niger dispose d’un fort potentiel en eau potable
En effet, des études montrent que le Niger dispose d’une réserve d’eau souterraine estimée à 2,5 milliards de mètres cube renouvelables chaque année dont moins de 20 % sont exploités. Aussi, le potentiel renouvelable et non exploité est estimé à 2 000 milliards de m3. (Source: Unicef). Ce pays dispose d’une raffinerie de pétrole, une infrastructure réputée pour sa très forte consommation d’eau.
Ce qu’il faut retenir
Au Niger, l’eau est rare et de mauvaise qualité. Ce fléau génère énormément de difficultés dans la vie de tous les jours principalement aux femmes et aux enfants. Ces derniers ne peuvent plus se rendre à l’école en plus de tomber régulièrement malade, sinon d’y laisser leurs vies.
Malgré tous les efforts qui sont en train d’être réalisés, il faut se rendre compte qu’il reste encore beaucoup à faire.
La mission des acteurs de l’eau sera essentielle pour les années à venir. Les situations de catastrophe et de conflit armé que connait le Niger ne sont qu’autant de facteurs aggravant qu’il faille considérer. Les budgets alloués aux ODD (Objectifs de Développement Durable) devront être correctement et efficacement utilisés.
Le manque d’eau engendre de profonds déséquilibres dans la vie de tous les jours et renforce encore plus l’inégalité des genres. Les ONG (Organisation Non Gouvernementale) et le gouvernement nigérien doivent donc réussir à mieux coordonner leurs actions.
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