Le développement d’internet est-il une priorité au Niger ?

Article : Le développement d’internet est-il une priorité au Niger ?
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11 février 2017

Le développement d’internet est-il une priorité au Niger ?

Dans ce précédent article nous avions dit pourquoi le prix d’internet était beaucoup plus pénalisant pour la population du Niger que pour celle de la sous-région. En effet, cela est principalement dû au fait que ce pays reste le plus pauvre de la planète. Pourtant la démocratisation d’internet pourrait permettre de résoudre énormément de problèmes.

Pourquoi l’État semble ne pas se soucier de la démocratisation d’internet ?

Au Niger, on a tendance à considérer que le développement d’internet n’est pas une priorité face à toutes les problématiques auxquelles sont confrontés les gouvernements.
Pas besoin d’être diplômé d’un doctorat pour en faire le constat. Il suffit juste de se connecter aux principaux sites gouvernementaux et de dresser son propre bilan.

Je vous propose donc une petite escapade qui nous conduira vers quelques plateformes web gouvernementales. Vous n’avez qu’à suivre ces liens :

NB: Il se peut qu’au moment où vous lisez cet article les liens ci-dessous vous conduisent vers d’autres types de pages ou deviennent totalement inaccessibles, car les adresses auront tout bonnement changé.

  • www.mesri.gouv.ne: Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ne fonctionne pas tout le temps).
  • www.elevage.gouv.ne: Ministère de l’Élevage (les données le plus récentes datent de 2013).
  • www.presidence.ne: Présidence du Niger (répond occasionnellement).
  • www.gouv.ne: Site du gouvernement qui récapitule aussi les autres ministères (répond occasionnellement).

Si vous n’avez pas envie de perdre votre temps à charger des pages web au comportement aléatoire, vous pouvez déjà jeter un coup d’œil à ces images qui résument ce que l’on y trouve.

sites web gouvernementaux du Niger

Comme vous pouvez le constater, la plupart des sites restent soit inaccessibles, soit accessibles, mais de manière aléatoire. Sur le moteur de recherche Google, une notification indique un possible piratage. Le coût, la mauvaise qualité d’internet et le laxisme de nos autorités sont principalement les causes de ces inquiétantes contre-performances. On voit clairement qu’il reste beaucoup à faire en matière de sécurité informatique notamment.

À lire: Au Niger, la cherté d’internet pose des problèmes de sécurité informatique

Une maladresse qui tend à l’amateurisme

En observant ces sites les uns après les autres, on remarque que le design laisse à désirer et que les principales informations ne sont pas régulièrement mises à jour. Par exemple, en vous connectant au site du Ministère de l’Agriculture, vous n’aurez pratiquement aucune information sur l’agriculture au Niger. Pourtant plus de 85% de la population nigériane travaille dans ce secteur. Par exemple, un étudiant qui rédige un mémoire ne trouvera pas grand-chose en le visitant. D’ailleurs certaines sections sont totalement vides. Sur certains sites, il y’a quelques informations mais dès que l’on clique dessus, histoire d’en savoir plus, elles disparaissent aussitôt.

Une grosse surprise aussi, c’est la présence d’un “Lorem ipsum” sur le site du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. C’est franchement incroyable! Pour ceux qui ne connaissent pas, le “Lorem ipsum” est un faux-texte que les développeurs web, et pas seulement, utilisent afin d’avoir un aperçu sur la présentation du texte lorsqu’un site web est en phase de développement. En principe, vous n’êtes jamais supposé avoir un “Lorem ipsum” sur un site web déjà en ligne. Le niveau d’amateurisme est vraiment inquiétant pour des sites de carrures gouvernementales, et qui plus est, d’un Ministère chargé de la recherche et de l’innovation.

Le gouvernement n’investit pas assez pour se doter de plateformes web dignes d’intérêt pour le grand public. Personne n’est recruté pour assurer la mise à jour des contenus de ces sites. L’expérience utilisateur est si exécrable que personne n’y retourne. De fait, la plupart des sites ont été conçus avec d’anciennes versions du langage HTLM, qui permet de fabriquer à l’aide d’un langage codé la structure du site. Ce format proposent certaines fonctionnalités compliquées à gérer pour certains navigateurs. D’autre part, certaines options ne peuvent pas être utilisées, comme sur la nouvelle version du HTLM.

Le gouvernement nigérien est en train de rater le virage numérique

Avec 0.3 serveur par personne en 2015 (Source: Rapport numérique,OIF), le Niger doit quand-même décupler ces efforts en la matière.
Je pense que les membres du gouvernement nigérien ne mesurent pas l’enjeu et les opportunités de développement que peut offrir une infrastructure numérique accessible pour tous. C’est peut être parce qu’ils ont évolués dans un monde aux enjeux totalement différents de ceux d’aujourd’hui. Pourtant il faut s’adapter le plus tôt possible, avant qu’il ne soit trop tard: “demain, c’est maintenant”.

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