Au Niger, l’internet est cher et de mauvaise qualité

Article : Au Niger, l’internet est cher et de mauvaise qualité
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12 janvier 2017

Au Niger, l’internet est cher et de mauvaise qualité

Imaginez-vous : non seulement l’internet au Niger coûte un bras, mais en plus, il faut des heures pour charger la moindre pages sans vidéo ni images. Habituellement, lorsqu’il y’a une telle différence de prix entre des produits similaires, le plus cher reste celui qui présente les meilleurs avantages en terme de service. Pas au Niger.

Je vous propose d’avoir une petite idée sur la qualité d’internet dans mon pays en regardant cette courte vidéo que j’ai pu envoyer sur YouTube au milieu de la nuit. Je m’excuse d’avance pour la qualité du son 😉

Une mauvaise qualité de l’accès internet conditionnée par l’absence de concurrence

En économie, on nous a toujours appris que le marché s’autorégule grâce au principe de la « main invisible ». Au Niger, l’opérateur historique, SONITEL,  appartenant à l’État, n’a pas résisté longtemps à l’arrivé des alternatifs (concurrents). Aujourd’hui, notre opérateur historique n’est que l’ombre de lui-même. En effet, il n’a aucun monopole sur l’attribution des licences 2G et 3G. Il ne dispose aussi d’aucun service d’internet mobile haut débit.

Finalement la concurrence s’est installée et c’est une bonne chose. Mais malheureusement, en regardant de plus près, on se rend compte que cette concurrence n’existe quasiment pas. En effet, le leader et le challenger s’arrangent toujours pour proposer typiquement les mêmes produits et se partagent ainsi la clientèle. Quant aux prix, ils restent globalement dans une fourchette quasi identique.

L’absence de concurrence est encore plus intrigante quand on regarde les statistiques, assez prometteuses, concernant ce marché sur le continent. C’est à croire que nos gouvernements ont hypothéqué le marché des télécoms à quelques opérateurs.

Aujourd’hui tout le monde est d’accord pour dire que l’Afrique est la terre promise des opérateurs au regard du potentiel qu’il renferme. Malheureusement, cette terre promise reste le terrain de jeu de quelques garnements. Et ces derniers n’ont absolument pas envie de céder le moindre cailloux.

Pour le moment, les opérateurs (alternatifs) continuent à vendre des œufs de lézard au prix du caviar.

Au Niger, par exemple, il n’y a principalement que deux opérateurs (alternatifs) qui gardent le contrôle sur le portefeuille de plus de 400 000 internautes. Le graphique ci-dessous illustre les prix des forfaits 3G, leurs volumes en mégaoctets, soit le volume de données qu’ils peuvent charger et la validité en jours, c’est-à-dire l’échéance à la fin de laquelle le forfait expire.

En regardant ce graphique on remarque que tous les prix sont presque identiques, à l’exception d’un seul forfait. En effet pour 499 FCFA, Airtel propose 500 mégaoctets de data, pour une semaine. Son concurrent Orange en propose 200 mégaoctets. Mais cette différence de prix est quasiment insignifiante. En achetant ce forfait, Airtel vous autorise à utiliser seulement 150 mégaoctets dans la journée (de 5 heure du matin à 00 heure du soir). Les 350 mégaoctets restant ne sont utilisables que de 00h à 5h00. On se demande bien qui ira se connecter à une heure pareille ? Sauf les objets connectés… 😀

Mais pourquoi les opérateurs encouragent les abonnés à se connecter tard dans la nuit ?

C’est principalement dû à la faiblesse de l’infrastructure des réseaux mobiles. En effet, cette infrastructure n’est pas suffisamment performante pour gérer d’important trafics de données durant les journées.

Et c’est ici que se pose la question du développement de ces infrastructures

Dans ce comparatif, regardons du côté du pays le plus connecté de la planète, la Corée du Sud en l’occurrence. Ce pays dispose d’une infrastructure numérique solide et performante. Cette qualité est en grande partie la résultante des investissements massifs opérés par les fournisseurs d’accès. Les sud-Coréens acceptent alors de payer leur internet plus cher qu’en Europe, parce qu’ils sont sûrs de disposer des meilleurs services. Chez eux, la 4G a été lancé depuis 2011 et, quelques mois plus tard, même dans le métro.

Pourquoi donc en Afrique, les opérateurs n’investissent pas beaucoup dans le développement des infrastructures numérique, alors même qu’ils enregistrent probablement autant de bénéfice car l’internet y est nettement plus cher qu’en Corée du Sud ? Dans ce pays, avec un peu plus de 13 000 F CFA (environ 20 euros) vous avez un forfait triple play très haut débit.

Au Niger, les antennes relais sont aussi éparpillées que les points d’eau dans le Sahara! Il y’en a peu, même dans les centres urbains. La qualité du réseau peut varier suivant votre emplacement dans une ville de quelque milliers d’habitants. Des villes qui n’ont aucun gratte-ciel à même de perturber la transmission du signal vers les terminaux mobiles.

Alors si vous êtes super addictif au jeu Pokémon Go, pensez à prendre des antidépressifs pour votre passage au Niger…Pikatchou et ses potes sont aussi rares qu’une orchidée. Et quand un seul se pointe, vous n’avez aucune chance de le capturer, parce que tout le monde s’y colle ; des mamans au foyer jusqu’aux oulémas… 😀

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Commentaires

Barat Pierrette
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Super article qui explique très bien votre problème et ta vidéo sur youtube est extra.
Tu as, toi et tous les internautes du Niger, beaucoup de mérite à te connecté et à gérer ton blog.
J'espère que ce problème se résoudra dans un proche avenir.

Moukhtar Ben Ali
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Puuutain on dirait Frank Gallagher. Félicitation mon pote pour ton article bien structurer et super intéressant. J'aimerai écrire comme toi, tu m'inspire beaucoup...