Un sommet pour rappeler la limitation constitutionnelle des mandats

Article : Un sommet pour rappeler la limitation constitutionnelle des mandats
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6 octobre 2019

Un sommet pour rappeler la limitation constitutionnelle des mandats

C’est ce 2 octobre passé, à Niamey la capital du Niger, que le National Democratic Institute (NDI) à ouvert un sommet sur la limitation constitutionnelle des mandats présidentiels en Afrique. Une manière peut-être de booster la transition démocratique sur le continent. D’ailleurs, je me demande bien laquelle de ces transitions se passera en premier dans le Sahel… Démocratique, démographique, sécuritaire, néocoloniale, post-djihadiste ou franc CFA ? 😀 Je n’en sais rien.

J’imaginais la réaction de certains chefs d’États avides de pouvoir ayant reçu l’invitation du NDI. Allaient-ils enfin accomplir leur transition éthique et cesser l’école buissonnière?
C’est quand-même paradoxale que des chefs d’États se permettent de sécher des sommets aussi essentiels… en lien avec la gouvernance en plus. Au nom d’une certaine politique de l’autruche peut-être ? Je ne sais pas…

Pourquoi un sommet pour rappeler les gouvernements à l’ordre ?

« La politique ne doit pas être une profession, et chaque fois qu’elle en devient une, la démocratie dégénère. »

J’ai beaucoup aimé cette réplique, même si je ne sais pas trop à qui l’attribuer. S’il ait une chose intéressante à observer en Afrique subsaharienne, c’est l’évolution des différents modes de gouvernance depuis la période des indépendances. Progressivement, nous sommes passés d’une classe de dirigeants engagés, en ce sens qu’ils ont largement contribué aux indépendances, à une classe beaucoup plus visqueuse et inefficace car difficile à enlever du fauteuil présidentiel.

Ceci est peut-être circonstanciel au fait que nous n’avons pas su mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Même si je crois que nous l’avons quand-même fait au tout début des indépendances. Pour ça, je rejoins les réflexions de monsieur Tocqueville, presque un siècle avant la libération d’une grande partie de l’Afrique noire.

« Les hommes les plus remarquables sont rarement appelés à la direction des affaires publiques. » Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique (1866).

Dans ce même ouvrage, Tocqueville rappelle que le suffrage universelle n’a en fait jamais permis de choisir les meilleurs personnes à même de gouverner. Par contre, il indique qu’il y a des causes qui peuvent en partie corriger ce dysfonctionnement de la démocratie. En effet, lorsque les peuples sont menacés par de « grands périls », en ce moment il choisissent les « citoyens les plus aptes » à les sauver. Mais une fois ces dangers éteints, on voit la race de ces hommes d’États rapetisser. C’est je crois, à quelques coups d’États près, ce qui s’est passé au sud du Sahara.

Un énième cri d’alarme ?

Au vue de l’importance de l’ordre du jour, je crois que cet événement aurait pu attirer beaucoup plus de monde et pourquoi pas quelques despotes, éclairés ou non.

Parmi les anciens chefs d’états ayant répondu à l’appel il y avait : Goodluck Jonathan du Nigéria, Nicéphore Soglo du Bénin, Amos Sawyer du Libéria, Mahamane Ousmane du Niger et Mme Samba Panza Catherine de la Centrafrique. Les anciens présidents de Sao Tomé Miguel Trovoada et du  Libéria Ellen Johnson Sirleaf étaient en vidéoconférence. Mais entre nous, qui écoute encore les discours de vieux nostalgiques du pouvoir ? Peut-être de futures retraités, en l’occurrence Mahamadou Issoufou, président de la république du Niger. Personnellement, je pense que ces messages auront le même écho que le bruit d’un pet dans le cosmos, sauf si l’on reconsidère très sérieusement l’effet papillon.

Je ne sais pas si les organisateurs de ce sommet étaient partis sur une base de deux ou trois invités, mais qu’au final ce chiffre a doublé et fait exploser la limite des places disponibles au point d’organiser des vidéoconférences, ou si c’est tout à fait le contraire. Quoiqu’il en soit cette conférence aura au moins eu le mérite de caresser Mahamadou Issoufou, président de la république du Niger, dans le sens du poil. D’ailleurs, il n’aura pas intérêt à oublier le moindre poil sur le fauteuil présidentiel la fin de son mandat venue.

Mais bon, arrêtons de nous plaindre. Si vous croyez, comme moi, que nous avons des dirigeants qui ne sont pas à la hauteur, la démocratie vous donne le pouvoir d’en choisir de nouveaux ou d’en devenir un vous-même. Il ne sert donc plus à rien de rester dans un coin et vociférer votre mécontentement. Même si on ne les aime pas, il ne faut pas oublier que pour accéder au pouvoir, le candidat élu a généralement dû affronter plusieurs obstacles. Inspirez-vous de cette phrase de Georges Burns :

« C’est dommage, tous les gens qui savent comment diriger un pays sont occupés à conduire les taxis ou à couper les cheveux. »

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Commentaires

Pierrette Barat
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Comme d'habitude, excellent article avec de l'humour comme je l'aime!
Même si nous avons le "pouvoir" de choisir nos dirigeants dans une "démocratie", ce choix n'arrive pas toujours à nous satisfaire. Là est la question : pourquoi?
La phrase de Georges Burns est tellement vrai et de plus en plus.

Ousmane Mamoudou
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Merci pour ta réponse, j'écrirais un article dessus :-D